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Colloque international pluridisciplinaire : La ville au temps de la covid-19 : quelles analyses et quelles approches pour la fabrique urbaine de demain ? Oran, 10-12 mai 2022


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À l’initiative de l’Université des sciences et de la technologie Mohamed Boudiaf (USTO) et en partenariat avec le Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (Crasc), s’est tenu en présentiel et à distance au siège de ce dernier un colloque international sur le thème : la ville au temps de la Covid-19. L’objectif des organisateurs de cet événement est d’analyser les défis auxquels la ville est confrontée suite aux bouleversements induits par la crise sanitaire. Une situation inédite qui incite à repenser nos villes selon de nouvelles perspectives.

Plus de trente intervenants de plusieurs pays se sont réunis pour partager durant trois jours consécutifs leurs travaux académiques, allant des aspects théoriques aux expériences concrètes vécues durant la pandémie, et cela autour de six sessions et de trois tables rondes.

Les organisatrices du colloque, N. Bouchentouf et F. Kettaf, ont souhaité partager le parcours qu'elles ont suivi pour concrétiser leur projet, qu'elles décrivent comme « tortueux, mais ô combien passionnant ». Inspirées par une citation d'Albert Camus dans son œuvre La peste : « la seule façon d’affronter les fléaux qui frappent les hommes, c’est de choisir la révolte », elles ont décidé d'agir en dépit d'un climat d'incertitude. Z. Siagh, professeure de littérature à l'université de Vienne, également influencée par les écrits de Camus, illustre dans sa conférence intitulée « Circulation du virus et paralysie de la cité » comment les épidémies peuvent servir d'outil d'analyse des sociétés. Dans ce cadre, elle évoque un extrait de l'ouvrage de F. Hildesheimer, Fléaux et société : de la grande peste au choléra (XIVème-XIX ème siècle), qui affirme que « l’histoire de l’homme malade peut finalement apparaître comme une tentative d’histoire totale ».

La première session du colloque a été dédiée à l'avenir des villes après la Covid-19, en s'interrogeant sur les transformations à anticiper. Dans son intervention « Une relecture des théories et pratiques urbaines dans le contexte du Covid-19 », F. Moscarelli s'efforce de répondre à la question suivante : quelle relation existe-t-il entre la configuration urbaine et les taux de contamination et de mortalité liés à la Covid-19 au Brésil ? pour éclaircir ce lien, la présentatrice propose de revisiter les approches et modèles urbanistiques antérieurs, en tenant compte de l'importance des dimensions sanitaires et environnementales dans leur conception.
J. Blain, quant à lui, présente « Concevoir la ville post Covid-19 : les méthodes d’urbanisme face aux enjeux de santé », où il met en lumière trois méthodes susceptibles d'apporter des solutions aux nouveaux défis sanitaires.

Lors de la première table ronde, M. Daoudi-Tamoud a abordé le thème du « Projet urbain de santé publique à Alger ». Ce projet vise à développer un système de résilience urbaine capable de répondre aux menaces pandémiques. En établissant une comparaison entre le système immunitaire humain et celui de la ville, il a identifié douze éléments susceptibles de diminuer la vulnérabilité urbaine, une vulnérabilité accentuée par la crise sanitaire liée à la Covid-19. Par ailleurs, Kinshasa, la capitale de la République Démocratique du Congo, a été l'objet d'une étude menée par H. Holenu Mangenda et son équipe, qui ont cherché à évaluer la réponse de la ville aux besoins sanitaires de sa population durant la pandémie. Leur analyse a révélé une distribution inégale et insuffisante des infrastructures de santé, ce qui a eu un impact significatif sur l'accès aux soins, notamment dans les zones les plus affectées. La deuxième table ronde a été dédiée aux enjeux liés à l'espace public. En effet, les restrictions d'accès à ces espaces, mises en place pour contrer la pandémie, ont profondément modifié la relation des individus à leur environnement extérieur.

M. Fouil met en exergue l'importance de différencier la distanciation sociale de la distanciation spatiale, soulignant que cette distinction, promue par les experts, revêt une signification bien plus profonde qu'il n'y paraît. En effet, elle a permis de révéler un ensemble de pratiques socio-spatiales qui illustrent une capacité d'adaptation notable. Ces réflexions ont été partagées par S. Allou et R. Baouali lors d'une présentation intitulée « Jardins collectifs : alternative pour jardins et lieux publics au temps du confinement ». À partir d'une étude de terrain menée auprès des citoyens concernés, elles avancent un modèle de conception pour les cités d'habitat collectif (C.H.C.) intégrant des espaces réservés au jardinage et à la culture vivrière. La dernière table ronde a exploré les notions d'habitat et de mode de vie, qui sont intimement liés et s'influencent mutuellement. T. Saidi a observé que le confinement a mis à l'épreuve l'organisation de nos cités et de nos habitats. En analysant certaines cités collectives à Batna, il a constaté un manque ou une mauvaise structuration des espaces intermédiaires, ce qui a affecté l'expérience du confinement, notamment pour les personnes âgées et les jeunes enfants. Dans cette même perspective, B. Ngandji a examiné l'impact de la qualité du logement sur le bien-être des individus. En prenant la ville de Yaoundé au Cameroun comme illustration, il a cherché à alerter les autorités publiques sur l'urgence de réformer les logements urbains en adoptant une nouvelle approche.

Sous l’intitulé « Vers une redéfinition des extérieurs naturels constantinois durant la crise Covid-19 », N. Baziz et N. Bouakkaz ont présenté les résultats d’un travail de terrain effectué à Constantine. Les observations collectées ont montré l’engouement des constantinois pour les forêts et les jardins collectifs pendant la période de confinement comme alternative aux salles de sport, aux visites familiales, etc. Au même degré que les autres domaines, les échanges commerciaux au niveau national et international ont été aussi perturbés par les mesures sanitaires restrictives. I. Le Clec’h qui entama initialement son travail sur le phénomène de l’exurbanisation du secteur marchand dans l’ouest de la France avant la Covid-19, se trouva intéressé plus tard par l’impact de la crise sur les pratiques commerciales dans les petites et les moyennes villes.

La communication de M. Fruiquiere et son équipe a porté sur les aménagements temporaires, dits tactiques, mis en place par les collectivités territoriales françaises comme réponse à la pandémie. Pour illustrer sa réflexion, l’intervenante donna l’exemple de Mulhouse et Reims, deux villes qui ont recouru à l’adoption des « coronapistes » et de la « chrono-piétonisation », dans le cadre de leur lutte contre la propagation du virus. Ces mesures qui sont inscrites à l’origine dans la momentaniété, empruntent progressivement une voie de pérennisation sous l’effet d’une volonté politique et citoyenne en dépit des obstacles.

Au troisième et dernier jour du colloque, trois communications ont été programmées en sus d’une synthèse des travaux. La communication de S. Khelfallah et A. Farhi sur « Les échos urbains des langages scéniques. Les murs de Jijel à l’épreuve de la Covid-19 », s’est intéressé aux témoignages grapho-visuel qui se sont répandus massivement sur les murs de l’espace public de la ville de Jijel en période de Covid-19, pour exprimer des sentiments refoulés et/ou des états psychologiques. Sur la question de la représentation sociale de Covid-19 dans les forums algériens, A. Kallel discuta de son objectif d’effectuer une analyse discursive des commentaires émis par les internautes algériens afin de voir comment ils perçoivent cette maladie émergente.

La tenue de cet événement scientifique, après deux années de l’avènement de la pandémie, a constitué une occasion propice pour élucider quelques questions ayant trait à l’impact du coronavirus sur la ville et ses composantes. Une rencontre qui a permis aussi de comprendre qu’une mise en place d’un nouveau modèle urbain en ces temps agités, est indispensable.

Souad LAGUER

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