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Impacts des mutations spatiales sur les pratiques sociolinguistiques chez les locuteurs berbérophones du massif de l’Aurès

Insaniyat N°60-61 | 2013| L’école: enjeux institutionnels et sociaux | p. 91-105 | Texte intégral  


Space mutation impacts on sociolinguistics practices in the Berber speaking of the mount Aurès

Abstract: This article is a part of our sociolinguistic research project on the problems of the representations of languages and the epilinguistic positionings of Chaoui subjects, in the case of the Aurès Mount. The Aurès Mount is a Berber-speaking region, located in the heart of the Chaoui country. The investigation is conducted with people of different age and sex, in the main agglomerations of the locality: Arris and kout, in the valley of Wadi Labiod; Menaa and Tizi Laabed in the Valley of Wadi Abdi. This study aims at providing an overview of the natives’ sociolinguistic practices of the region. We question on the languages spoken by our Chaoui subjects, in their common linguistic practices, in their region. What languages do they use in the urban centers (Batna and Biskra), which they regularly visit? Do space perception and space change have effect on their sociolinguistic practices?

Keywords: Aures Central Mount, Djebailis, space mutations, sociolinguistic practices, spoken Arabic, Chaoui, urban area, rural area


Abdenacer GUEDJIBA:  Université de Batna, Département de langue et culture amazighes, 05000, Batna, Algérie.


Introduction

Ce travail se veut une contribution à la description de la réalité sociolinguistique du pays chaoui, une région berbère importante de l’Algérie du Nord, mais très peu étudiée. Son objet est d’établir un profil sociolinguistique, à travers une description fondée sur une série d’idées d’emploi des langues, des attitudes et représentations de ses locuteurs. En effet, écrivent J. Le Du et Y. Le Berre « les langues ne se rencontrent pas seulement dans la réalité observable. Leurs contacts, dans l’imaginaire, sont également complexes et importants à connaître »[1]. Dans cet article, nous nous intéressons, principalement, aux rapports entre les changements linguistiques et les changements d’espaces chez les locuteurs du massif de l’Aurès : quelles sont les langues en contact dans cette région ? Quelles sont les langues qu’utilisent ses habitants dans leur territoire ? Quelles langues utilisent-ils dans les villes voisines qu’ils fréquentent régulièrement ? Quelles attitudes et représentations accompagnent ces usages linguistiques ?

Le choix du sujet s’explique par le fait que les usages linguistiques et les contacts des langues constituent les premiers objets d’étude de la sociolinguistique et les principales préoccupations de la linguistique de contact. Le choix du terrain d’étude est dû au fait que le massif de l’Aurès soit, souvent, présenté comme la région la plus berbérophone du pays chaoui. Ses habitants représentent, selon certains chercheurs (F. Dieleman, 1997, F. Ghanes, 1997, G. Manaa, 2004), un groupe social linguistiquement caractérisé et géographiquement spatialisé. Ce qui leur confère, note B. Zango, « une identité sociale et linguistique propre sur la base de laquelle s’élaborent et se structurent les formes de leurs motivations linguistiques »[2].

Avant d’aborder le vif du sujet, nous présentons, brièvement, le territoire de nos enquêtés et le cadre méthodologique poursuivi dans ce travail. Nous examinons ensuite, l’analyse des données recueillies dans l’optique des facteurs intervenant dans la détermination des choix des langues. Nous nous intéressons dans un premier temps, aux pratiques langagières dans le massif de l’Aurès. Dans un second temps, nous abordons les pratiques langagières de notre population d’enquête dans les centres urbains où les échanges communicatifs semblent régis par le sentiment d’appartenance spatiale des individus et des relations de familiarité entre eux. 

Présentation du terrain d’étude

Ce que nous entendons, ici, par « massif de l'Aurès » c’est le territoire qui s'étend du nord de la wilaya de Biskra, jusqu’au territoire administratif des deux daïras de Ain Touta et de Tazoult au Nord. A l’est, il donne sur les vastes hauts plateaux de Timgad, de Toufana  et s’étend jusqu’aux terres des Béni Meloul, dans la wilaya de Khenchela. Au Sud-est, il est limité par la chaine de l'Ahmer Kheddou qui le sépare du désert. A l'Ouest, il donne sur les plaines de Ain Touta qui le sépare des monts de Belezma. Le massif est l’une des régions les plus enclavées du pays chaoui.

Le massif de l’Aurès est une région intermédiaire entre le nord du Sahara et le Tell. Il se caractérise par un relief très accidenté aux paysages très diversifiés : espaces boisés au Nord, montagnes dénudés et plateaux rocailleux au Sud, vallées verdoyantes tout au long des oueds qui traversent la région.

Ce territoire se subdivise en deux vallées, presque parallèles, qui portent les noms des oueds qui le traversent : la vallée de Oued Abdi, dont les principales agglomérations sont du Nord au sud : Tizi Laabed, et Menaa. Sur son affluent, Oued Bouzina, connu aussi sous le nom de Oued Lahmer, on trouve Bouzina. Sur l’autre versant, se situe la vallée de Oued Labiod, dont les principales localités sont : Ichemoul, Arris et Ghassira. Sur son affluent, Oued Chenaoura, se trouve la localité de T’kout

Les habitants de cette région, qu’on appelle à Batna « djbayliya »  en arabe, « ijbayliyyen » en chaoui, c'est-à-dire, les montagnards ou les habitants des montagnes, se subdivisent en plusieurs aarach (tribus) dont les principaux sont : At Abdi, At Daouod (les Touba), At Bouslimane, Ighasiren… Administrativement, le pays des « djebailis » est subdivisé en daïras et en communes (trois daïras et six communes dans chacune des deux vallées)

Au plan économique, les habitants du massif sont, essentiellement, des agriculteurs. Ils cultivent, principalement, en plus de la culture vivrière, l’abricotier et le pommier. En raison de l’exiguïté des terres agricoles et de l’austérité des sols dans le massif, et en l’absence d’investissements économiques susceptibles de créer des postes d’emploi, le pays des « djebailis » connaît, depuis longtemps, l’exode rural massif. Les principales destinations sont les villes voisines : Batna et Biskra.

Au plan linguistique, tous les aarach du massif sont berbérophones. Les aarach arabophones des localités voisines (les Serahna, les Chorfa, et les At Ziane), installés dans les principales agglomérations du massif, sont aujourd’hui, entièrement assimilés linguistiquement.

Cadre méthodologique

Pour recueillir des données de base sur les usages linguistiques de notre population d’enquête, nous avons mené un travail de terrain dans quatre localités du massif de l’Aurès : Arris, Menaa, Tizi Laabed et T’kout. Ces localités sont envisagées, comme un sous territoire qui produit, souligne T. Bulot, « des normes partageables et partagées et des attitudes communes, mais sans être un ensemble immuable et uniforme »[3]. Les enquêtés constituent une population constituée d’individus, partageant un vécu commun et des usages linguistiques identiques.

Dans notre travail, nous avons veillé à diversifier les procédures d’enquêtes (des questionnaires, des entretiens et des observations), afin de recueillir plus d’informations et plus de détails sur notre sujet de recherche.

Pour observer le lien entre les motivations des changements linguistiques et les changements d’espaces et les conséquences qui peuvent en découler, nous avons étendu notre enquête au principal centre urbain (Batna), où se rend et s’installe, fréquemment, notre population d’enquête.

Dans la collecte de nos données, nous avons distingué deux niveaux d’informations. Le premier porte sur le répertoire linguistique, c'est-à-dire, l’inventaire des langues que connaissent les enquêtés. Le second concerne les pratiques langagières, c'est-à-dire, les usages effectifs que font les enquêtés de leurs langues, dans l’usage linguistique courant aussi bien en milieu rural qu’en milieu urbain

Les pratiques langagières en milieu rural

Le chaoui, langue de proximité

Près de 87% des enquêtés donnent, dans le massif, la préférence et la primauté, à l’usage du chaoui dans la quasi-totalité de leurs interactions verbales quotidiennes. Cet usage quasi-exclusif n’exclut pas, pour autant, le recours à d’autres langues, comme l’attestent les réponses des enquêtés : l’arabe parlé avec les étrangers non chaouiophones, les langues de l’école (arabe scolaire et le français) dans des situations formelles (l’école, la mosquée, les situations d’écrit). Le chaoui se présente en langue vernaculaire, dans le massif que la population d’enquête présente, comme un « milieu naturel du chaoui ».

Le chaoui est déclaré, pour la majorité de nos enquêtés, comme langue de base. C’est la langue avec laquelle on naît, et par laquelle on passe pour apprendre d’autres langues. C’est elle que l’on parle spontanément et couramment, avec plus d’aisance. « On ne peut parler une autre langue dans notre village. Ici tout le monde parle chaoui : en famille, au village et même dans les villages voisins » (enseignante de mathématiques au lycée de Tizi Laabed).

Certains enquêtés, soit près de 13% de l’échantillon, n’expriment aucune attitude, aucune préférence, envers ces deux langues. Ils reconnaissent à chacune son domaine et sa fonction dans le paysage linguistique djebaili (le chaoui en milieu rural, l’arabe parlé en milieu urbain, le français et l’arabe moderne à l’école…). Ils ne se soucient pas de l’avenir du chaoui. Ils le parlent entre eux, ils le transmettent à leurs descendants ; mais sans s’inquiéter, pour autant, ni pour sa survie ni pour sa disparition.

Politique linguistique de terroir

Quant à la politique linguistique à adopter avec les enfants, la majorité des enquêtés préfèrent laisser les choses prendre leur cours normal et naturel, comme cela a été le cas pour eux, dans l’évolution de l’usage linguistique de leurs rejetons, sans vouloir les influencer, tiennent-ils à souligner, au cours de nos entretiens, avec eux. « Ils parlent comme nous tous », ou encore « ils vivent avec nous, on leur parle ils nous parlent » relève-t-on, dans leurs propos et leurs réponses au questionnaire.

D’autres au contraire, (à peine 2%) voient qu’il est de leur devoir, pour mieux aider leurs enfants, dans leur scolarité, de leur apprendre l’arabe dès leur prime enfance. Même si, au fond, ils cachent, en réalité, d’autres raisons, beaucoup plus idéologiques ou simplement psychologiques.

Le profil professionnel, dans le massif, ne semble imposer aucune langue, si l’on excepte ceux qui exercent dans le domaine de l’enseignement, qui parlent avec leurs élèves, en règle générale, dans la langue d’enseignement, en classe et en arabe parlé, en dehors des heures de cours. Mais avec leurs propres enfants et leur entourage, ils utilisent la langue imposée par l’environnement. Dans les autres secteurs, c’est la prédominance, voire, l’emploi quasi-exclusif du chaoui, à moins que l’interlocuteur ne soit arabophone. Dans ce cas, c’est ce dernier qui impose sa langue.

Les enquêtés tout en se considérant, dans leur majorité absolue, comme chaouiophones, reconnaissent leur compétence en langue arabe (arabe parlé). Il est rare, pour beaucoup d’entre eux, de trouver des djebailis qui ne parlent pas les deux langues. Ces derniers sont enregistrés, notamment, parmi les personnes âgées, les femmes et les enfants.

Compétences linguistiques et sentiment d’aisance

Concernant le sentiment de compétence ou d’aisance, dans l’une ou l’autre langue, les enquêtés se classent en trois catégories : la première déclare avoir une compétence meilleure en chaoui et serait plus à l’aise, dans cette langue qu’en arabe parlé. Cette catégorie représente près de 47% de l’échantillon. La seconde, qui représente environ 13%, avoue être plus compétente, et plus à l’aise en arabe parlé qu’en chaoui. Il s’agit de chaouis des centres urbains et d’arabophones berbérisés. La troisième catégorie, soit près de 40%, déclare avoir une compétence et une aisance équilibrées dans les deux langues. Il est question, ici, d’enquêtés, dont le niveau d’instruction ne dépasse, généralement, pas le moyen (le collège).

Nous pensons que ces sentiments relèvent, plutôt, des perceptions des capacités linguistiques, et non des usages linguistiques effectifs. Nous l’avons, d’ailleurs, remarqué au cours de nos entretiens avec nos enquêtés. Ceux qui déclarent avoir une capacité et une aisance meilleure en chaoui qu’en arabe parlé, parlent beaucoup mieux l’arabe que ceux qui avouent avoir une capacité équilibrée, dans les deux langues. La capacité de ces derniers en chaoui ne diffère pas de celle de ceux qui déclarent être plus compétents, et plus à l’aise en chaoui qu’en arabe parlé. Il s’agit donc, écrit P. Gardner-Chloros, d’un regard « à travers un filtre fait de nos attitudes, nos connaissances, notre compréhension du monde »[4].

Le chaoui langue ou dialecte ?

Le parler chaoui est souvent désigné par les enquêtés comme « dialecte » (63 %), parce qu’à leurs yeux, « il n’est pas écrit, il n’a pas de normes», « il n’est pas enseigné », « c’est une langue exclusivement orale et qui présente beaucoup de variations géographiques au niveau lexical et phonétique», « ce n’est pas une langue pure : c’est un mélange d’arabe, de français, de chaoui », « pour discuter de politique, de culture, des études, on utilise généralement l’arabe et non le chaoui », « on ne peut pas enseigner en chaoui et transmettre le savoir, la science, la technologie ». Cependant, ils n’hésitent pas à considérer l’arabe parlé, qui présente ces mêmes caractéristiques, comme langue.

Pour d’autres, soit près de 27%, le chaoui est une langue, au même titre, que les autres langues. Pour des raisons que l’on peut résumer ainsi : chaque langue a ses qualités, ses particularités et ses spécificités. Pour des raisons d’ordre historique, politique, sociale, économique…, il se trouve que les unes sont plus évoluées, plus développées que d’autres. La faute n’incombe pas aux langues, mais à leurs sujets et aux pouvoirs politiques en place. La promotion et le développement des plus défavorisées, d’entre elles, n’est fonction que de simple volonté politique. C’est là le point de vue des intellectuels et des militants du Mouvement berbère

Les uns et les autres conviennent que le massif central est le cadre naturel du chaoui. Ils s’accordent à dire que le chaoui est leur langue maternelle, leur langue première. Il est la langue de leurs ascendants. Aucun, d’entre eux, ne renie qu’il est la langue de l’usage courant, dans tout le massif, dans tous les domaines de la vie. Certaines choses ne peuvent être exprimées qu’en chaoui : les proverbes, les dictons, les blagues… Ils perdent de leur sens si on les transpose dans une autre langue. Le chaoui est le vecteur de la culture et des traditions. A. Bénit résume bien cela : « la langue pour un peuple et pour une ethnie, la vie même de ce peuple, de cette ethnie, avec son passé, ses sensibilités, ses pratiques particulières, sa mémoire collective, en un mot, sa culture »[5].

Notons pour conclure qu’il est certes vrai que, dans le massif, la pratique de l’arabe n’est attestée que très rarement (essentiellement, avec les étrangers dont le nombre ne dépasse, généralement, pas une vingtaine, dans chacune des localités étudiées). Mais il semble, qu’il serait tout à fait possible, que la présence massive éventuelle d’étrangers, dans la région, transformerait le paysage linguistique du massif. Car, même si les djebailis préfèrent utiliser entre eux le chaoui, en présence de personnes non chaouiphones, ils recourent, tout de même, à l’arabe parlé. Ils expliquent cela par « le respect à autrui ».

Les pratiques langagières en milieu urbain

Nous avons, ensuite, étendu notre enquête au centre urbain le plus fréquenté par notre population d’enquête, en l’occurrence, la ville de Batna. Dans cette ville la situation linguistique se présente, quelque peu, différente. Elle s’est tout le temps, comme le témoignent un bon nombre d’informateurs, caractérisée par la prédominance de l’arabe parlé dans l’usage courant.

L’occultation du fait amazigh …retombées sociales

Au lendemain de l’indépendance, parallèlement à l’occultation du fait Amazigh, dans le champ officiel et de la culture légitime, un mépris du berbère socialisé a commencé à se propager, notamment, dans les villes. Le chaoui était, selon un nombre de nos enquêtés, associé à la honte, dans les centres urbains. Il était assimilé à la ruralité, à la paysannerie, à la cruauté, à la vulgarité… Contrairement à l’arabe, qui était assimilé à l’urbanité, au civisme.

Les habitants du massif de l’Aurès, contraints à quitter leurs villages, après l’indépendance, pour des raisons d’ordre social, économique…se trouvaient exposés au mépris social, aux boutades, aux insultes… Leur origine (montagnards), leur style vestimentaire, leur mode de vie, leur langue et leur accent qui marquaient leur ruralité et leur amazighité, étaient socialement dévalués. Et cela les complexait beaucoup.  

A Batna, tout comme à Biskra, beaucoup d’enquêtés se souviennent encore, de ces incessantes humiliations, et de ces interminables intimidations que ne cessaient de vociférer, à leur encontre, les arabophones de ces villes, durant les années 1960 jusqu’à la fin des années 1970 : « chaoui serdun», « chaoui mtellegh » ou encore « chaoui bouheyyouf ». Certains, nous ont, même, parlé d’agressions physiques, dont ils étaient victimes, durant leur enfance, seulement, parce qu’ils parlaient chaoui, en ville. Ils ne maîtrisaient pas encore l’arabe parlé. 

Dans ces villes, pour humilier, ridiculiser, intimider les habitants du massif, on les appelait : « djabaylia ». On a développé, tout un discours, des plus négatifs, sur le djebaili. Ce dernier, était qualifié, même par les chaouis des autres régions, de dur, de borné, de têtu, d’obstiné… Il était présenté, aussi, comme un être frustre, un paysan attardé, un rural, un campagnard, un montagnard, un arriéré, un arriviste, un envahisseur « sans culture et ne proférant qu’un ramassis de mots qui ne pourrait être qualifié de langue.» écrit A. El Khatir[6].

Les premiers djebailis, installés dans ces villes, étaient très démunis. Faute de moyens de payer le loyer, trois ou quatre familles étaient assujettis à partager la même maison. Les djebailis choisissaient leurs voisins, quand cela leur était possible, sur le critère régional et/ou linguistique pour constituer une concentration régionale. « Un regroupement de personnes de même origine ethnique ou régionale, voire de personnes apparentés, souligne C. Juillard, entraîne un maintien de la langue, ou des langues, qui cimentent ces relations, aussi bien, dans les familles, que dans les secteurs d’habitation concernés »[7].

La majorité des djebailis étaient, à cette époque-là, quasi-monolingue. Ils ne parlaient que le chaoui. Ils s’exprimaient très mal en arabe parlé. Ils étaient très complexés par ceux qui ne parlaient pas le chaoui et ne le comprenaient pas ou mal (il s’agit d’arabes et de chaouis arabisés dont l’attitude envers les chaouiophones était très humiliante) parce qu’ils ne parlaient pas l’arabe, ou le parlaient mal. « En général, lorsqu’un dialecte est parlé par une population pauvre, située au bas de l’échelle sociale, note J. Leif, ce dialecte devient le symbole de sa position sociale inférieure »[8].

La frontière linguistique s’est vue ainsi accrue par la frontière psychologique. Beaucoup de nos interlocuteurs ont, d’ailleurs, même de nos jours, des attitudes anti-arabophones, en raison de leurs mauvais souvenirs d’enfance, qui les ont toujours marqués.

Le poids de l’image constituée par les citadins à leur encontre avait pesé, pendant longtemps, sur les premières générations des djebailis des villes. Elles ont eu, pendant de longues années, fait remarquer G. Caro, « à souffrir d’une infériorisation, d’une culpabilisation, d’une honte d’être soi-même, de difficultés d’expression et même de communication »[9].

Réaction linguistique et culturelle… formes de différenciation

Cette répression linguistique et culturelle n’a pas mené, à la disparition du chaoui dans les villes, mais à se replier dans des situations très restreintes : en famille, entre amis… « Quand un groupe est rejeté, stigmatisé, affirme J.-M. Géa, il développe des formes de différenciation à travers lesquelles, il se distingue du groupe qui le rejette. Cette distinction peut porter aussi bien sur l’identité, la langue, la culture…»[10].

En effet, face à la discrimination linguistique qui les opposait aux habitants de ces villes, les djebailis ont réagi, par leur attachement ferme à leur langue, qu’ils n’ont jamais cessé de transmettre à leurs enfants. La langue est devenue ainsi, pour les djebailis, le principal marqueur de se distinguer de l’autre, un facteur que l’on dressait comme un rempart, face aux menaces d’assimilation et d’acculturation. Ils ont réussi à s’imposer comme communauté chaouiophone distincte, aussi bien, par sa langue que par sa culture. Et cela unissait les différents aarach qui, dans le massif, n’étaient pas, toujours, en bons termes, entre eux. Ce faisant, ils ont initié un processus de refus d’uniformisation culturelle et linguistique, et de se fondre dans l’identité imposée (djabaylia).

En dépit de leur attachement à leur langue et à leur culture, les djebailis n’ont pas rejeté la langue de l’autre, qu’ils ont apprise, pour leurs besoins communicatifs, dans la ville. La ville, pour le djebaili, représentait un autre mode de vie, par son urbanisme, par la langue qu’on y pratiquait, par son appareil institutionnel… L’arabe parlé s’y imposait comme langue de l’environnement.

La pratique de l’arabe parlé, selon un nombre d’informateurs, n’était attestée, entre djebailis, que très, rarement, dans leurs interactions verbales. Beaucoup de djebailis avaient, en effet, compris, par la suite, que l’arabe parlé, ne les aidait en rien, dans l’ascension sociale et ne servait pas à grand-chose, dans les études pour leurs enfants. Son apprentissage n’avait, d’autres objectifs, que de communiquer avec l’autre dans sa langue. Pour établir la différence, dans de pareilles situations, entre les deux langues, J. Gumperz distingue entre « we code » and « they code »[11].

A l’opposé, certains djebailis, peu nombreux d’ailleurs, une fois quitté le massif central, et d’autres règles de jeu apparues, l’implication personnelle à l’égard du chaoui décroît graduellement. Il s’agit là, essentiellement, de familles installées, avant l’indépendance, dans ces villes. Elles n’étaient pas nombreuses. « Les groupes ayant une faible vitalité ethnolinguistique, déclare M.-A. Akinci, sont souvent ceux qui se dirigent vers une assimilation linguistique »[12].

Ces familles se distinguaient par l’aisance, dans leur niveau de vie (familles de fonctionnaires, de commerçants ou de professions libérales). Les critères identitaires changent en fonction des aspirations personnelles. Les valeurs, associées à l’enfance, relèveraient d’un espace de nostalgie, non compatible avec la nouvelle réalité. L’engagement personnel, au service d’une cause linguistique ou culturelle, s’éteint puis s’éclipse et ne prend pas de sens pratique. La volonté, chez eux, d’abandonner la pratique du chaoui et sa transmission à leurs descendants, résulte, dans de pareils cas, selon C. Hagège[13], des causes économiques, sociales, psychologiques inhérentes à la langue et à ses sujets.

Ce sont ces derniers, (nous avons connu et contacté un nombre d’entre eux à Batna) qui, une fois arabisés, se retournent contre les leurs, dans les villes. Ils ne retournent, d’ailleurs, jamais, dans leurs villages et coupent toutes relations et tous liens de parenté, avec leurs origines et leurs proches. Ils éprouvent, à l’égard de leurs frères de race, ainsi qu’à leur langue et à leur culture, plus de haine et plus de mépris que les arabophones eux-mêmes. L’effet du processus de l’arabisation est tel, chez eux, qu’ils défendent, avec acharnement et avec beaucoup de plaisir, plus que les arabophones eux-mêmes, dirions-nous, les intérêts de la langue arabe et de sa culture, contre les leur propres.    

Les années 1980… une nouvelle ère

A partir des années 1980, la situation économique des djebailis avait commencé, à s’améliorer. Dans la conception collective des habitants de la ville de Batna, les djebailis sont, de nos jours, associés aux métiers de la bijouterie, des entreprises de travaux bâtiments, de cadres administratifs, de propriétaires de belles maisons, de belles voitures…, Mais leur image est, toujours, un peu nuancée. Elle est faite de méfiance et d’admiration.

Ils sont détestés, méprisés, aussi bien, par les chaouis des autres régions résidant à Batna, que par les arabophones de cette ville. Il suffit d’évoquer ou de voir passer un djebaili (en l’absence de ces derniers) pour déclencher une pluie d’injures, de moqueries, de haine… « bni djebloun », « jboura », ou encore « djebaylia waarin », « djebaylia racistes », des propos qui incitent à la méfiance. D’autres propos comme « ils sont honnêtes », « ils ne sont pas agressifs », « ils ont de belles femmes », « zine jbayli wella qbayli » expriment, plutôt, de l’admiration à leur égard.

Les autres habitants de Batna envient beaucoup le niveau de vie des djebailis : ce sont eux (les djebailis) qui possèdent « les meilleures villas, les meilleures voitures, les meilleurs magasins, les meilleures bijouteries ». Cela suscite la haine et la jalousie chez les autres et favorise, chez les djebailis, le soutien et la solidarité, entre eux, et le désir de se distinguer des autres, de leurs rivaux. Ces sentiments ont suscité, chez les djebailis, un attachement, très distingué, à leur langue, à leur culture, à leurs traditions… Ces facteurs, réunis, constituent, aux yeux, des autres habitants de la ville de Batna, les fondements de l’homogénéité et de la solidarité sociales, chez les djebailis.

Il est vrai qu’au début, les djebailis de l’époque, qui n’étaient pas nombreux, dans les villes, et qui n’avaient pas encore les moyens économiques et sociaux, pour s’imposer comme entité à part entière, étaient un peu vexés par cette appellation et complexés par leur incompétence en arabe parlé. Mais aujourd’hui, ils se reconnaissent dans cette dénomination et éprouvent un haut sentiment de s’identifier comme tels (djabaili u nass), peut-on relever, dans les propos de beaucoup de nos enquêtés. Ils n’éprouvent plus de gêne, quant à leur incompétence en langue arabe, et ne rougissent pas quand on le leur fait remarquer.

La situation aujourd’hui…. Résurgence de fierté

De nos jours, on constate même, chez beaucoup d’entre eux, une certaine résurgence de fierté de parler chaoui, dans les villes. Ce regain d’intérêt pour le chaoui en milieu urbain, n’est, à notre avis, qu’une réaction à de longues années de répression. Laquelle réaction a été suscitée par  l’amélioration des conditions de vie des djebailis des villes et des campagnes, sur le plan économique, par la conjoncture qui a favorisé, depuis quelques années, l’émergence du fait amazigh, sur le plan politique; et enfin, par le haut sentiment d’identité amazighe, sur le plan psychologique. 

A croire certains propos, tenus par un nombre de nos enquêtés à Batna, et un peu plus à Biskra (les villes où nous avons enquêté), on assiste, ces dernières années, à un éveil de conscience identitaire amazigh, qui se traduit par des représentations positives, à l’égard du chaoui chez les djebailis des villes. Les enquêtés distinguent, à ce niveau, entre la pratique d’une langue et l’identité. A leurs yeux, l’affirmation identitaire ne se fait pas, forcément et uniquement par la pratique de cette langue. C’est en effet, ce que nous avons remarqué, même chez les enfants djebailis des villes, qui ne maîtrisent pas le parler. Ils sont conscients du fait que leur pratique de l’arabe parlé, met en péril leur appartenance régionale. 

« C’est vrai, je ne parle pas chaoui, mais je suis djebaili. Tous mes cousins dans notre douar ne parlent que le chaoui. Je veux bien apprendre à le parler », un lycéen de 17 ans à Biskra. « Souvent, les gens pensent que si on ne parle pas le chaoui, on n’aime pas le chaoui ; mais c’est faux, moi je ne parle pas chaoui parce que mes parents ne me l’ont pas appris. Moi je suis djebailie et j’aime le chaoui », une étudiante en sciences économiques à Batna. Le chaoui est vécu, par ces deniers, comme un moyen identitaire, même si, dans leur usage linguistique effectif, il est situé au bas de l’échelle.

Dans ces villes, les gens, qui s’expriment mal en arabe, ne sont plus, maintenant, ridiculisés, comme autrefois. On ne ressent plus de sentiment de honte de parler chaoui en public, ni de complexe d’infériorité de s’exprimer mal en arabe parlé. On en parle, comme si cela était, dans le passé, une période d’injustice, d’oppression linguistique, d’exclusion…

Ceux qui éprouvent du mal à comprendre et/ ou à se faire comprendre en arabe, n’éprouvent, ces derniers temps, aucune gêne. Ce sont, parfois, ceux qui ne les comprennent pas qui se trouvent dans des situations embarrassantes, surtout s’ils sont d’origine chaouie. Il arrive, souvent, que ce soit ces derniers, qui font leurs excuses, auprès de leurs interlocuteurs chaouiophones. Ceux, parmi les chaouis, qui, par snobisme, ne parlent pas leur langue, ou font semblant de ne pas le comprendre, sont ridiculisés par leurs proches. (Nous assistons, à Batna, quotidiennement, à des scènes de ce genre).

En effet, le chaoui cesse, aujourd’hui, d’être associé à la paysannerie, à la ruralité, au passé… Son prestige, chez les djebailis, n’est pas dû à son statut politique (le chaoui, tout comme d’ailleurs l’arabe parlé, n’est pas une langue de l’école, de la formation), ni à son statut social (il n’assure aucune promotion sociale), mais à sa valeur symbolique, identificatoire en milieu des djebailis. A Batna, beaucoup de djebailis recourent au chaoui pour s’adresser aux agents de l’État (originaires du massif), dans les bureaux pour se servir facilement, ou en priorité. Ils se reconnaissent, d’ailleurs, par la particularité de leur parler, et même par l’accent qu’ils ont, quand ils parlent l’arabe.

Ces représentations que l’on peut, pour le moins que l’on puisse dire, qualifier de « positives » à l’égard du chaoui, n’impliquent pas, nécessairement, un positionnement de contrepoids, ou de réaction contre l’arabe parlé, que les enquêtés déclarent utiliser, dans l’usage courant, pour répondre à leurs besoins langagiers.

La plupart de nos enquêtés sont, d’ailleurs, bilingues. Ils s’expriment avec, plus au moins, d’aisance, en arabe parlé. Les arabophones avec lesquels ils partagent leur quotidien, dans les centres urbains, (au travail, dans le commerce…) ne parlent pas chaoui. Ceci oblige les djebailis à changer de langue, pour entrer en contact avec ces derniers.

Cette bilingualité, à sens unique, est ressentie comme additive au chaoui, qui est fortement valorisé. Le chaoui est vécu, comme un moyen identitaire, même si sa maîtrise et son usage, dans les centres urbains, sont au bas de l’échelle. L’arabe parlé, conformément à la norme sociétale, est considéré, comme un moyen de communication de masse en milieu urbain. 

Conclusion

L’analyse des données recueillies, concernant les usages linguistiques que font nos enquêtés, des variantes linguistiques en présence, dont le statut varie en fonction des rapports entre les groupes, qui les parlent et les situations de communication, nous fait penser à une situation de diglossie; un concept développé, pour rappel, par Fergusson (Ferusson 1959), puis étendu par Fishman (Fishman 1967) à l’usage complémentaire institutionnalisé de deux langues distinctes, dans une communauté donnée. L’une est qualifiée de variété haute (high variety) ; l’autre est dite variété basse (low variety). La première est employée dans des interactions formelles : l’école, l’administration, la religion… La seconde est réservée aux situations informelles : les interactions verbales courantes: en famille, dans la rue…  

L’application de ce modèle, aux rapports et aux fonctionnements des variétés linguistiques, en présence, dans le massif de l’Aurès, permet de mettre en évidence au moins deux rapports diglossiques. Le premier oppose l’usage formel (les langues de l’école) à l’usage informel (les langues de l’usage courant). Le second concerne les usages linguistiques courants ; il oppose le chaoui (une variante de tamazight) et l’arabe parlé.

Ces deux langues, en l’occurrence le chaoui et l’arabe parlé, partagent un certain nombre de données sociolinguistiques. Elles sont toutes les deux des langues orales, non normées, non enseignées et réservées aux domaines informels. Aucune d’entre elles n’assure, par sa pratique ou par sa maîtrise, des promotions sociales pour ses sujets. Leur usage est lié au vécu quotidien, à la culture populaire. Elles sont, donc, toutes les deux, des variétés «basses».

Quant à leurs usages, il ressort de l’analyse des réponses au questionnaire et des résultats des entretiens et des observations, que, dans le massif, le chaoui, en raison du nombre important de ses locuteurs, n’est concurrencé, dans l’usage courant, par aucune autre langue, si ce n’est par l’arabe parlé, et ce, dans des domaines très restreints, et avec un nombre d’interlocuteurs très réduits. Mais dans les centres urbains, devant le poids démographique des locuteurs de l’arabe parlé, le chaoui se trouve confronté, quotidiennement, à une situation, linguistiquement et culturellement, conflictuelle avec cette langue. Le chaoui tend à reculer et à se replier aux situations très restreintes (cadre familial, milieu intra-groupe…).

En somme, pour les chaouis du massif de l’Aurès, le chaoui et l’arabe parlé se présentent comme deux langues territorialisées. L’emploi du chaoui, dans le massif, répond à une norme sociétale. Cette situation semble être imposée par l’environnement. Dans les centres urbains où prédomine l’usage de l’arabe parlé, les djebailis recourent à cette langue pour répondre à leurs besoins communicatifs intergroupes. L’usage du chaoui n’y est attesté que dans leurs interactions verbales intragroupes. 

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Notes

[1] Le Du, J., Le Berre, Y. (1987), « Contacts des langues », in Travaux du cercle de linguistique de Nice, n° 9, p. 18

[2] Zango, B. (2001), « Individuation linguistique et parlures argotiques : un exemple de ségrégation spatio-linguistique à Ouagadougou », in Cahiers de sociolinguistique, n° 6, Rennes, PUF, p. 13-14.

[3] Bulot, T. (1998), « Langues en ville : une signification sociale des territoires » in Études Normandes, 1, (Sociolinguistique normande), Rouen, Mont Saint Aignan, p. 58.

[4] Garner-Chloros, P. (1983), « Code switching/ Approches principales et perspectives », in La linguistique, Vol. 19, fasc. 2, Paris, PUF, p. 29.

[5] Benit, A. (2000), « Pratiques et représentations linguistiques des locuteurs francophones de Bruxelles », in Thélème Revista Comlutense de Estudios Franceses, 15. p. 191.

[6] El Khatir, A. (2006), « Être berbère ou amazigh dans le Maroc moderne, histoire d’une connotation négative », in Claudot-Hawad, H. (dir.) Berbères ou arabes, le tango des spécialistes, Paris, non-lieu, p. 131.

[7] Juillard, C. (1995), Sociologie urbaine. La vie des langues à Ziguichor (Sénégal), Paris, éd. CNRS, p.31. 

[8] Leif, J. (1982), « Éducation et pédagogie », in Marchand, F. (dir.), Manuel de linguistique appliquée, Paris, Delgrave, p. 18.

[9] Caro, G. (1987), « Négation d’identité linguistique et pathologique en Bretagne », in Vermes, G., Boutet, J. (dir.), France pays multilingue Les langues en France, un enjeu historique et social, t. 2, Paris, l’Harmattan, p. 193.

[10] Géa, J.-M. (2005), « Immigration et contacts de langues en Corse. L’exemple de deux familles marocaines », in Langage et Société, n° 112, Paris, CNRS. p. 74. 

[11] Gumperz, J.-J. (1975), Code switching in conversation, Unpublished Ms.

[12] Akinci, M.-A. (2003), « Une situation de contacts de langues : le cas du turc-français des immigrés turcs en France », in Belliez, J. et Rispail, M. (dir.), Contacts de langues : modèle, typologies, interventions, Paris, l’Harmattan, p. 129.

[13] Hagège, C. (2000), La mort des langues, Paris, Odile Jacob, p. 267.

 

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