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Confluences Méditerranée, n° 81, 2012/2, 236 p.

Dossier : Algérie, 50 ans après

« L’Algérie fête cette année les 50 ans de son indépendance, une occasion pour revenir sur son parcours à la fois politique, économique et culturel. C’est l’objectif recherché par la revue Confluences Méditerranée à travers ce numéro consacré à « L’Algérie, 50 ans après » (p. 09). C’est ainsi qu’a ouvert Sid-Ahmed Souiah sa présentation en attirant l’attention que l’exhaustivité n’était pas recherchée pour choisir les thématiques retenues mais, plutôt, de présenter une variété de contributions répondant à l’objectif de ce numéro, c’est-à-dire établir un bilan des 50 ans d’indépendance de l’Algérie dans quelques domaines.

Pour ce faire, un dossier en trois parties était constitué suivi de trois portraits. Le premier volet est intitulé : système politique et tensions sociales. On y trouve la contribution de Lahouari Addi qui tente de répondre à deux questions à propos du système politique algérien : pourquoi il n’y avait pas création d’un surplus de valeur malgré l’existence de ressources et de volonté politique affichée de développement ? (p. 28) et pourquoi la transition vers la démocratie a échoué ? (p. 34). Omar Carlier présente, pour sa part, un ancien acteur de ce système politique, Ahmed Ben Bella. Son approche consiste en la conciliation entre la biographie personnelle et la grande histoire ou, en d’autres termes, « rendre mieux intelligible la manière dont cet homme politique est lui-même un produit de l’histoire, et un analyseur de l’histoire » (p. 41). La question du changement de ce système est abordée par les deux contributions suivantes : Louisa Ait-Hamadouche pose la question qui hante tant d’analystes : pourquoi l’Algérie, pays révolutionnaire jadis et qui ressemble par bien d’aspects aux autres pays arabes touchés par ce printemps, n’a pas connu le même mouvement révolutionnaire ? Cette question du changement est aussi au cœur de la contribution de Pierre-Jean Roca qui, par une double approche historique et fonctionnelle, aborde l’étude d’un segment du mouvement associatif qui se présente comme « moderne ».

Le deuxième volet est économique et traite les questions de politiques et stratégies de développement. Ahmed Bouyacoub ouvre ce volet par un essai d’élucidation de la problématique suivante : « L’économie algérienne a bénéficié d’une masse d’investissements relativement très importante, tandis que son taux de croissance économique est resté très modeste, notamment par rapport aux autres pays maghrébins » (p. 83). Il s’interroge sur la capacité de la société à relever le défi de cette croissance économique et de se libérer de la dépendance à la rente pétrolière. L’histoire de cette dernière est retracée par Hocine Malti qui s’interroge, lui aussi, si les hydrocarbures « ont-ils été source de bonheur pour le peuple durant le demi-siècle d’indépendance » (p. 103) et « que deviendra l’Algérie le jour où le pétrole cessera de couler ? » (p. 116). Les deux autres contributions de ce volet économique évoquent la même question de l’après-pétrole. Au sujet du secteur agricole, Abdelmadjid Djenane démontre que le déficit alimentaire est désormais chronique et que l’agriculture nationale est dans l’incapacité de répondre aux besoins de la population. Dans le secteur de l’habitat, Safar-Zitoun Madani s’interroge sur l’avenir du « pacte patrimonial » entre l’Etat et la société, dans la mesure où, « l’État ne parvient pas à se désengager de son image et de son rôle de distributeur de rentes et de bienfaits sociaux gratuits » (p. 150).

Le troisième volet traite de la culture. Trois genres artistiques sont retenus ici. Pour la peinture, Anissa Bouayad établit une véritable anatomie de ce champ culturel depuis la période coloniale. À travers plusieurs exemples tirés de l’histoire artistique, l’auteure ne cesse d’analyser de différentes manières le lien entre l’artiste algérien, la société, l’État, et la dimension « philosophique » de la pratique artistique (identité et altérité, enracinement et ouverture, art et engagement...). La même démarche historique est adoptée par Benjamin Stora pour le cinéma algérien quand il expose son évolution depuis la Guerre de libération nationale jusqu’au nouveau millénaire. Enfin, dans le domaine de la littérature, Christiane Chaulet-Achour aborde l’écriture féminine de la Guerre de libération nationale à partir de deux genres narratifs : le témoignage et la création. Elle conclut sur la similarité de la base fondamentale de ces deux genres parce que enracinée dans la même période historique, celle de la Guerre de libération, mais elle est traitée différemment vu la spécificité de chaque genre littéraire.

Nous terminons la présentation de ce dossier de la revue par la contribution de Nadji Safir qui propose une interprétation sociologique du malaise de la jeunesse algérienne, particulièrement celui engendré par le chômage. Abstraction faite du problème statistique de l’évaluation du taux de chômage, l’auteur attribue les facteurs décisifs de ce phénomène à des mécanismes économiques, sociaux, et symboliques, et le remède serait, selon l’auteur, dans « (…) une nouvelle vision d’ensemble, et à long terme repensant l’ensemble des conditions de fonctionnement et des perspectives de développement de la société algérienne» (p. 160). Cette contribution, à l’image de son objet, semble dans « le malaise de positionnement » dans la revue. En effet, dans la présentation du coordonnateur, elle est mentionnée avec les contributions du volet « système politique et tensions sociales » (p. 23), mais dans le dossier, elle se trouve entre le volet des « politiques et stratégies de développement » et celui de la « culture ». Malaise de positionnement avions-nous dit, mais peut être aussi un programme d’avenir pour cette jeunesse algérienne : acteur d’un changement sur les deux plans du développement économique et de la création culturelle.

Enfin, ce dossier sur l’Algérie après 50 ans d’indépendance est suivi par trois portraits : le premier est celui du président Houari Boumediène par Paul Balta, le deuxième est d’Abdelkader Alloula, le grand homme de théâtre algérien, par Lamia Breksi-Meddahi, et le troisième portrait est celui du caricaturiste Slim par Yasmina Khadra. D’autres noms auraient pu avoir une place méritée dans ce numéro de Confluences Méditerranée mais, certainement à l’instar des thématiques du dossier, ces portraits « ont été retenus afin de présenter au lecteur une palette diversifiée du parcours algérien » (p. 11).

Sidi Mohammed MOHAMMEDI

 

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