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Les Etrangers d’Afrique De l’Ouest A Lomé (Togo) : Identification, Visibilité Et Citadinité. Réflexions Au Regard De La Ville d’Accra (Ghana)

N°47-48 | 2010  | Communautés, Identités et Histoire | p. 207-208 | Texte intégral


Amandine SPIRE


Cette thèse ouvre des pistes de réflexion sur les interactions entre villes et étrangers, à la lumière du contexte ouest-africain. Elle débute par un constat : les étrangers originaires de l’espace de « libre circulation » de la CEDEAO (Communauté Économique des États d’Afrique de l’Ouest) sont nombreux à Lomé et Accra et pourtant peu visibles, en raison notamment de l’absence de quartier ethnique. Malgré leur faible visibilité, certains groupes étrangers ouest-africains sont paradoxalement stigmatisés par les populations hôtes en temps de crise. L’étude des sociétés urbaines de Lomé et Accra remet en cause le paradigme de l’assimilation des migrants à la ville tel que conçu dans la tradition sociologique de Chicago. Dès lors, en s’appuyant sur les théories de l’École de Manchester et en déconstruisant le modèle de l’exode rural, on proposera une approche dialectique et multiscalaire des liens entre étrangers et villes : la ville modifie les identifications des migrants étrangers qui, eux-mêmes, transforment les espaces de la ville et la citadinité, définie comme les manières d’être propres à une ville (en termes de pratiques et de représentations). Un des enjeux principaux de cette thèse consiste à souligner la complexité de la notion d’étranger dans les villes d’Afrique de l’Ouest. La diversité des mobilités internationales par les lieux et les temporalités convoqués, participe à brouiller les visages des étrangers à Lomé et à Accra. Les étrangers n’appartiennent pas à un seul groupe social, pas plus qu’à un seul territoire. Aussi, cette recherche s’interroge-t-elle sur la visibilité des identifications étrangères à la ville, tant aux yeux des citadins qu’à ceux du chercheur. Les identités étrangères à une ville peuvent être l’objet d’une revendication et d’un processus de reconnaissance qui se traduit par des territorialités à l’échelle d’un quartier comme c’est le cas dans les zongos. Mais la marginalité de certains groupes étrangers contribue également à la formation de territorialités étrangères, dans le registre invisible. La présence des étrangers s’exprime non seulement en termes identitaires, mais aussi territoriaux. La prise de possession et le contrôle de certains espaces par les étrangers sont au cœur de dynamiques syncrétiques caractérisées par la redéfinition d’appartenances à l’ailleurs dans des interactions locales. Autrement dit, le maintien d’identités étrangères à la ville ne repose pas sur la réplique d’identités qui apparaissent ailleurs ou dans d’autres temps mais semblent bien le produit d’une différenciation et d’une création identitaire dans et de la ville. Il est dès lors possible de dépasser la dimension territoriale des changements de la ville liés à la présence des étrangers : à l’échelle micro, des lieux de sociabilités créés par les étrangers participent pleinement à inventer les liens qui font la ville au quotidien.


Note

* Thèse de Doctorat en Géographie sous la direction de P. Gervais-Lambony, soutenue le 16 novembre 2009 à Paris. Université Paris-Ouest Nanterre-La Défense, Laboratoire GECKO.

 

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